Maillol le "modeleur", a catalanisé l'art grec

  Ni aidé, ni suivi, ni compris, mais vilipendé dans sa Catalogne natale, impassible dans sa quête plastique, il a transcendé malgré les blâmes tendancieux de plupart de ses concitoyens indignés, même révoltés devant son acceptation aux avantages offerts à l'artiste (exposition à Paris), par un amateur averti, certes officier de l'armée d'occupation ( c'est vrai que le maître Bourdelle avait auparavant décliné telle offre au "noble" et réellement connaisseur, mais aussi chef militaire).

 Telle situation, mal fondée, avait ainsi donné lieu au désintéressement marquée de la part des officiels et du grand public pour l'œuvre du maître de Banyuls (sauf une commande de la part de la ville de Perpignan: à cause de la présence d'un arbre devant son œuvre, il dut s'insurger, par lettre adressée aux officiels. Ses plâtres en état de dégradation restèrent ainsi à l'abandon dans les caves du musée et lui-même dans l'oubli quasi total jusque en 1955 environ : jusque là, le Maillol d'alors, n'intéressait que quelques rares personnes, ici, dans le terroir qui l'a vu lutter pour une forme de culture avec sept lettres (et non pas trois)…

 

Le paradoxe Maillol, aujourd'hui fortement médiatisé, a dépassé le contexte des clivages, circonstances particulières jadis vécues par cet artiste honnête et loyal quant à son œuvre et à ses intentions, dont le style reste art de valeur universelle: originalité d'expression néoclassique, où prédominent des formes généreuses et sincères.

 

Ses œuvres resteront un genre typique, reconnu et apprécié dans le monde professionnel comme art total.

 

Dans la région catalane, hormis quelques rares petits plâtres, il n'existe comme œuvre que ce que Dina Vierny, sa légataire universelle, ex-modèle de l'artiste, a bien voulu céder aux officiels actuels, concessions (au bénéfice moral de Maillol), sous son contrôle absolu, ce qui, en fin de compte, n'est pas une mauvaise idée. Ainsi nous avons la pénitence affligeante que nous méritons, même si nous ne voulons pas encore, aujourd'hui, nous l'avouer.

  

OTERO      ( sculpteur )