Présentation de M.Pasotti,
Par
Clément
RIOT:
M.P. est
née à Tunis, en 1948. Elle commence à y étudier le dessin et la peinture à
la "Dante Alighieri". Elle séjourne ensuite à l'école de mosaïque
de Ravenne, puis, à Paris, c'est le professorat de dessin, à l'école
Claude-Bernard et une maîtrise d'arts plastiques à La Sorbonne.
En
1975, elle quitte Paris pour Céret, où elle installe son atelier. Elle
participe régulièrement aux manifestations d'art contemporain: Salon de la
jeune peinture, à Paris et Montréal de 1984 à 1986. "Génie de la
Bastille" à Paris depuis 1986, Biennale internationale de l'estampe à
Perpignan en 1988 et, en 1989, "80 artistes et créateurs" autour du
thème du premier œuf. Elle tient aussi le rythme d'une exposition personnelle
par an: Toulouse, Avignon, Paris (galerie Etienne de Causans…), Céret, etc…
Elle
s'attache avec constance à creuser son sillon en s'appuyant sur deux
convictions qui structurent sa subjectivité créatrice viscérale: camper résolument
hors de la dichotomie d'école "abstraction-figuration" et dépasser
le savoir plutôt que de le nier. En cela, elle est pour notre époque, où le
qualitatif produit la qualité, où le groupe secrète les indispensables
solidarités d'intérêt, une non-valeur, une artiste interstitielle comme l'on
dit des groupes sociaux hors-normes. C'est dans cette marge qu'elle se meut:
quels que soient les supports ou les techniques utilisées, elle part du volume
ou sculpte le plan. Abstractions figurantes ou figures déconstruites sont les
moments d'une même quête: une pratique déformante et transformante, une
approche sensible du réel entendu au sens plein comme matière et monde
spirituel. Regardons, il y a de notre époque et de notre intemporalité.
Arts
plastiques
Marguerite
PASOTTI
Au cœur de la ville de Perpignan, au bord du marché,
là où les vies se croisent sans relâche et où l'on peut, sans forcément y
participer, vivre cette fébrilité. Marguerite Pasotti s'est installée à
l'affût, à observer le foisonnement humain, ses mutations, vivre les autres.
Après
des années d'études d'art diverses et souvent contradictoires, à la
rercherche d'une réponse à ses questions innocentes sur la création et sur
elle-même, professorat de dessin, Arts plastiques à la Sorbonne, Métiers
d'arts, mosaïque, volume, peinture, art mural, illustration, pub…, elle s'est
persuadée que chacun porte la sienne en lui-même et trace son chemin: Tunis,
Paris, Céret, Perpignan…, d'une ville, d'une maison, d'une vie, d'une œuvre
à l'autre…
Une
diversité de techniques: bois découpés, volumes, dessins, gravures et aussi
bijoux, et toujours ce même mouvement de la matière qui se transforme, se déplace;
les frémissements, translations, croissances et cheminements: la trace du
temps, non pas un mouvement anarchique et convulsif, mais une empreinte
profonde, lente et réfléchie de la matière qui trace sa mémoire jusqu'à détruire
son enveloppe.
Sur
des volumes de récupération, bois découpés ou autres supports; trois plans:
celui du peintre qui regarde, est entraîné à la limite du cadre, puis plonge
à travers la figure vers le hors champ arrière illimité.
Les formes simples dans lesquelles sont entraînés des morceaux de
plantes, de corps, de ciels lumineux, de l'eau , tirés du magma de la matière.
Des figures qui se forment, se déforment, se transforment, pour ne pas mourir ?
Ce qui semblerait s'orienter vers une approche symbolique du monde et de
la création devient un dérèglement sensible des facteurs formels et matériels
que sont l'espace, le volume, la lumière et la matière.
Les couleurs vives et contrastées des peintures à l'huile, l'ombre, les
éclats de lumière, associés à la dé-construction de la forme, nous emmènent
à la limite du réel, comme si la réalité finie n'avait plus droit au repos.
Les dessins, très travaillés, à la mine de plomb sur bristol, aigus et
suaves, pénètrent du plan de la feuille, témoin de notre présence, vers
l'intérieur de la matière par une gradation des intensités de gris, menés
avec précision vers un autre espace: sensuel ou immatériel..?