BIOGRAPHIE
SUCCINCTE DE RAYMOND MORETTI
Le 25 juillet 1931, Raymond Moretti naît à Nice, patrie de
Garibaldi, seule digne d’accueillir, dans l’esprit de ses parents - un
charpentier anarchiste de Toscane et une femme de ménage ombrienne - un
être libre, conçu librement. Enfance pauvre mais chaleureuse dans les
ruelles de Nizza-La-Bella, capitale incontestée des Italiens qui ne
peuvent supporter le régime mussolinien.
1944: débarquement des alliés en Provence et découverte des
bandes dessinées américaines que les G.I distribuent aux gosses entre la
tablette de chocolat ou de chewing-gum et le paquet de Lucky-Strike que
les adolescents d’après guerre gardent dans leur mémoire comme Proust
sa madeleine. De
Branner –auteur de Bicot et les ran tan plan- à Rembrandt il
n’y a qu’un pas que Raymond Moretti franchit dans l’allégresse de
ses dix-sept ans. Initié au dessin classique pour lequel il manifeste une
prédisposition certaine, nourri depuis l’enfance de la lecture de la
Bible, il peint dans la cuisine du modeste appartement paternel un “ Moïse
brisant les tables de la loi ” sur un drap de lit, 140 de large et
coton grand teint, dérobé à sa mère. Un éditeur local, séduit par
son enthousiasme juvénile et par la puissance qui, déjà, se devine dans
ses premières œuvres, lui demande d’illustrer “ L’Art
d’Aimer d’Ovide “, premier d’une longue série de livres
d’art qu’il ne réalisera qu’après avoir gravi les premières
marches de sa vie d’homme. Apprenti
boulanger à treize ans parce que la vie était dure, il a appris à ne
plus dormir. Et c’est fou ce que l’on voit de choses, ce que l’on
rencontre de personnages, ce que l’on se fait d’amis quand on ne dort
pas. Les paysages de Delacroix, il les découvre à l’aube ou au crépuscule,
au Maroc, pendant son service militaire où son patron, bientôt son ami,
est l’ancien chef de la glorieuse escadrille Normandie Niemen, Louis
Delfino, avec lequel il ne parle que le niçois et qui lui laisse toute
latitude pour se livrer à l’art du croquis et à la connaissance des êtres
fascinants que l’on peut croiser sur le pourtour du bassin méditerranéen. Retour
à la vie civile et vache enragée qui, pour Moretti, devient très vite
gigot de pré-salé tant son talent lui vaut d’amis, tant son verbe séduit
ses interlocuteurs, tant son art éclate. Car le noctambule des boîtes de
la Côte, le compagnon des conversations de l’aube, travaille, travaille
comme un fou. Souvenez-vous, il ne dort pas ou presque ! Il a vingt-quatre
ans. Déjà la silhouette noire. Déjà le cigare toscan fiché à la
commissure des lèvres sans amertume mais lourdes de tous les baisers
d’une riche expérience. Un
collectionneur important lui achète le “Moïse” du drap de lit. Le
musée de Jérusalem l’exposera désormais à ses cimaises. D’autres
toiles s’entassent, à la villa Paradiso, anciennes écuries d’un
grand château près de Cimiez, où Jean Médecin alors maire de Nice, lui
a donné son premier atelier officiel. Jean
Cocteau qui n’a jamais manqué depuis les années 20 un être
exceptionnel veut le rencontrer, le rencontre, l’admire, l’aime comme
un artiste déjà âgé peut en aimer un autre en plein essor. Seul
l’art et le jazz les unissent et c’est suffisant. Ensemble ils réalisent
une série de dessins, huiles, gouaches et plâtres, “ l’âge
du verseau ”, en 1962-1963, à la villa Paradiso. Ensemble ils
parlent de Ravel, de Debussy, de Satie, de Diaghilev, de Darius Milhaud,
tous amis de Cocteau. « Je ne suis d’aucune école, dit Moretti, je ne
suis même pas un peintre, je suis un homme qui peint ». Aucune réflexion
ne pouvait plus séduire le poète qui, toute sa vie, avait proclamé que,
« dans l’art, il n’y a pas d’école mais des hôpitaux ». Picasso,
le voisin de Mougins, a lui aussi l’œil sur cet étrange personnage
dont on commence à parler. « Mais qu’est-ce que tu fabriques avec
Moretti demande-t-il à Cocteau. « Eh !
Eh !c’est un secret... ». Le “Vieux” se vengera des
cachotteries de son copain de toujours en faisant connaître à la presse
internationale “la machine à peindre d’un continent à l’autre“
imaginée, au cours d’un dîner dans un restaurant chinois, par ce
Raymond Moretti à l’imagination fulgurante, à l’œuvre déjà solide
et plus connue, comme il se doit pour un jeune artiste français, à l’étranger
que dans son pays. Grâce à Picasso voilà l’injustice réparée. Les médias
s’emparent du “cas Moretti” et Cocteau qui s’estime à juste titre
“l’inventeur” de Moretti - inventeur dans le sens juridique de découvreur
de trésor - lui consacre, six mois avant de mourir, la une des Lettres
Françaises, ce qu’il n’a fait que deux fois dans sa vie. Il parle de
quarante toiles gigantesques qui dorment dans son atelier. « Si je ne
connaissais pas la surprenante faculté d’improvisation de Moretti, je
pourrais le croire atteint par la folie des grandeurs. Mais c’est le
sens de la grandeur qu’il possède et que je lui souhaite de rendre
visible à tous. » ( Les Lettres Françaises, 11 avril 1963). Le
souhait de “Jean l’Oiseleur“ est réalisé en 1965. Première
exposition parisienne. Première explosion. “ Les
cris du Monde “, treize toiles géantes, lui valent la célébrité.
On découvre son œuvre. Sa voie est toute tracée : expos, vente à
de riches collectionneurs, fortune et succès mondain... Dès
lors, tel Maupassant avec Flaubert, il n’a plus besoin de parrain
prestigieux. Il est Moretti. Tout à la fois peintre, sculpteur, graveur,
architecte il emploie ses dons et l’argent que lui ont apporté ses
premières ventes à créer une œuvre gigantesque : « Le Monstre
“, ainsi que le baptisera Joseph Kessel, l’ami de Cocteau des Années
Folles à l’Académie française. Né
dans les studios de la Victorine à Nice, en 1965, Le Monstre grandit,
envahit une pièce puis deux, éclate, pèse douze tonnes quand Moretti
s’installe à Paris, en 1971, dans le dernier pavillon des Halles de
Baltard. Lorsque, grâce à Picasso et au Ministre de la Culture, Jacques
Duhamel, le peintre trouve asile en 1973 à la Défense après la
destruction du «Ventre de Paris”, Le Monstre, abrité dans une grotte
de béton profonde de cinq étages, mesure trente mètres de long, treize
de large, sept de haut et pèse vingt tonnes ! On vient le voir du Monde
entier et Raymond Moretti est célèbre. Mais il ne s’est pas endormi
sur les lauriers du succès. Jugez plutôt :
1961: Illustration du “ Bateau
Ivre “.
1967: Exposition à La Courneuve de l’ensemble de son œuvre.
Triomphe.
1972: “ La rue Saint-Denis
“, huiles, gouaches, dessins, inspirés par le séjour de l’artiste
dans le quartier des Halles.
1979: « Le Mur du Forum
des Halles ». Illustration de “ La
Haggadah “, partie de la Torah - le Pentateuque que les Juifs lisent
au soir de la Pâque et pour laquelle le Grand Rabbin d’Israël,
enthousiasmé devant le travail de l’artiste, réinstitue la Vème
Coupe, supprimée en signe de deuil après la destruction du Temple
de Jérusalem.
1980: “ De Gaulle - Malraux
“. Exposition à la Défense puis à l’hôtel de Ville de Paris.
1981: Illustration des “ Illuminations
“ de Rimbaud et « Le Pendule des
Quatre temps “, immense
sculpture qui orne la galerie marchande de la Défense.
1982: “ Massada “,
gouaches, dessins, lithos, font revivre le drame des derniers résistants
Juifs à l’occupation romaine sur des textes de Flavius Josèphe, Moshé
Dayan, Uzi Narkiss et Yves Courrière. L’exposition est inaugurée, le
21 janvier 1982, par le Président de la République François Mitterrand
et l’Ambassadeur d’Israël Meïr Rosenne.
En octobre 1983 elle reçoit un accueil triomphal à New York où
les principales chaînes de télévision lui consacrent l’ouverture de
leur journal.
1982: “ Le Chemin
Initiatique “, quatorze lithographies illustrant la démarche
intellectuelle des membres de la Grande Loge de France.
1983: Illustration de l’œuvre complète de “ Céline
“. Loin
d’être l’artiste qui se cloître dans sa tour d’ivoire, Raymond
Moretti vit de plain-pied avec son temps, peint des affiches pour le cinéma,
des pochettes de disques, des couvertures de magazine (notamment pour le
Magazine Littéraire et Le Point), décore le plateau de TF1 et France
Inter pour les “ élections présidentielles
“ et “ législatives “
de 1981, dessine, pour Vacheron-Constantin, la “ Kallista ”, la montre la plus chère du Monde (environ un milliard
de centimes de diamants) décore la façade du musée de “ Terra Amata “ à
Nice, sa ville natale, grave pour l’administration des Postes Françaises
deux timbres “ Le Maquis ”
et “ Le Débarquement ” qui
sortiront en 1984, élabore même pour la Banque de France, un billet qui,
par la complexité des traits et des couleurs, posera demain mille problèmes
aux faussaires mais en pose dès aujourd’hui aux imprimeurs nationaux ! Enfin
c’est, lancée lors de la présentation des vœux (pour 1983) de
l’artiste à la télévision française, l’idée utopique de peindre
le Mur de Berlin. Les riverains ouest-allemands, les enfants, les
artistes, les savants pourront y mettre la patte...Utopique, Moretti ? Que
non. L’idée prend corps. On peindra à la Défense sur des panneaux de
2,50 m de hauteur sur 1,40 m de largeur, mis bout à bout sur une longueur
de 46 kilomètres et le Mur de Berlin se promènera dans toutes les
grandes villes du globe, démontrant la folie des hommes. L’Amérique,
le Japon, l’Allemagne bien sûr et bien d’autres pays délèguent
leurs reporters - et même leur rédacteur en chef pour l’Asahi Shinbum,
le plus grand journal de Tokyo et de l’univers - dans l’atelier
souterrain de la Défense. Aux journalistes, à la télévision, Moretti
expose son projet. Il commence demain... Malgré
les réticences de banquiers pour lesquels l’humanité et l’art sont
des “bricoles” qui ne se cotent pas en bourse. Souhaitons que, pour
une fois, ils ne “gagnent” pas et que la peinture de ce mur voit enfin
le jour, ou, mieux encore, que le mur disparaisse. On peut toujours rêver...
Et voilà qu’en 1990 son rêve est devenu réalité ! S’il
aime parfois se battre contre les moulins, Moretti n’est pas homme à se
laisser abattre par le report sine die d’un projet. Mille autres se réalisent
dans les domaines les plus divers :
1945-1985 : Après le succès des timbres à la gloire de la Résistance
et du Débarquement, commémorant le 40e anniversaire de la Libération,
devenus pièces de collection tant les philatélistes se les disputent,
les P.T.T récidivent avec une carte postale et un timbre en faveur de
l’opération “ Sahel “ organisée par la Croix-Rouge française, et deux timbres
“ Guerre et Paix “. Le Musée
de la Poste consacre une exposition au peintre en présence du Ministre
des Postes et Télécommunications.
1985: Les bandes de mille couleurs qu’il a conçues pour
magnifier la ligne du fuselage Concorde, à l’occasion du cinquantenaire
d’Air France, reçoivent le Grand Prix du Logo attribué par le
journal Les Échos. Sommet de l’art de la publicité.
1985-1986 : Illustration de “ Jazz
“ sur un texte de Frank Ténot. Son amour de la musique noire qui a bercé
sa jeunesse et l’entoure toujours éclate dans les portraits des Grands
qu’il a connus : Armstrong, Ella Fitzgerald, Stan Getz, etc... suite
magnifique qui accompagne le livre d’art, chef-d’œuvre que tout
amateur éclairé rêve d’avoir dans sa bibliothèque. Suivent trois
volumes sur Jacques Brel : “ L’Homme
de la Mancha “ et “ l’œuvre
poétique “ du grand artiste trop tôt disparu. Don Quichotte et
Dulcinée ont désormais dans nos mémoires les traits que leur a donnés
Moretti. Art
Expo, la plus grande manifestation d’art à New York lui demande son
affiche. “Manhattan “,
explosion de couleurs, règne sur les panneaux de Big Apple. Le New York
Coliseum organise une manifestation en l’honneur du “ protégé de
Picasso “ dont les œuvres figurent dans les musées et collection privées
les plus importantes à travers le Monde.
1986: Après des expositions aux quatre coins de l’Europe, La Défense,
son village minéral, consacre à Moretti une grande rétrospective.
Octobre 1986 : L’Imprimerie nationale lui demande
d’illustrer les “ Chroniques
Italiennes ” de Stendhal dans la prestigieuse collection “
Lettres Françaises “ et organise à l’occasion de sa sortie
l’exposition “Raymond Moretti à l’Imprimerie nationale” inauguré
par Alain Juppé, ministre du Budget. « Tous les livres que j’ai
illustrés sont écrits dans ma mémoire, dit alors l’artiste. Désormais
ils font partie de ma vie, comme le reste de mon œuvre. J’ai toujours
eu en tête d’illustrer des livres car, pour moi, c’est de la
peinture, de l’art tout simplement ».
1987: La compagnie Air France qui se souvient du triomphe de
l’affiche du cinquantenaire lui demande celle du “ centenaire
de l’Institut Pasteur “ auquel elle participe. Elle fera le tour
du Monde et figure dans la vingtaine d’instituts qui portent le nom de
Pasteur sur les cinq continents.
7 février 1988 : Jumelage de la grande synagogue de la
Victoire à Paris avec la grande synagogue Hekhai-Schlomo à Jérusalem.
“ La Yona ”, colombe biblique stylisée à l’aide des caractères
de l’alphabet hébreu par Raymond Moretti, orne désormais le porche des
deux sanctuaires. Elle figure également sur le timbre que les P.T.T
commandent au peintre pour honorer la synagogue de la Victoire. Réalisé
par le plus grand graveur français d’après le dessin de Moretti la
Yona en or commercialisée en 1989 est appelée à devenir un bijou aussi
prisé par nos compagnes que l’étoile de David ou le haï
traditionnels.
Août 1988 : “ Saint-Émilion
“, ville bénie du vin, se place sous le signe de Moretti dont les œuvres
géantes (6 m x 7,50 m - 7,20 m x 10 m) éclatent de couleurs et de lumières
sur les façades des principaux monuments de la cité. « Saint-Émilion
reconnaît Moretti-le-Grand, Moretti-le-Magnifique », écrivent les
journaux locaux.
1989: Année du Bicentenaire de la Révolution. Le peintre illustre
à la demande d’Yves Mourousi le “ calendrier
républicain ” d’après la Marseillaise de Rude, et conçoit avec
Louis Clair, l’éclairagiste de la Grande Arche de la Défense, “ L’Arbre
Lumières “. Assemblés sur un socle figurant une carte de France,
des faisceaux tricolores en acier et en verre s’élanceront vers le ciel
« comme un message de liberté » tandis qu’au centre un module métallique
réfléchira « le feu de la Révolution » et les branches
lumineuses de l’arbre républicain. La sculpture, destinée aux
municipalités intéressées - la première est celle de Massy - est réalisée
par les Compagnons du Devoir. Pour
fêter dans toute la France le Bicentenaire de la liberté de la Presse,
vingt-quatre journaux de la Presse régionale s’unissent pour affréter
le train de six wagons qui présentera les grandes étapes de la naissance
de la Presse moderne. Et c’est à Raymond Moretti que l’on demande de
brosser la galerie de portraits des “ journalistes
révolutionnaires ” qui de Mirabeau à Marat, de Condorcet à Hébert,
de Desmoulins à Robespierre, ont illustré la Révolution. Tout comme on
demande à l’artiste d’inventer la composition de la gigantesque
fresque de 60 mètres de large sur 20 mètres de haut qui en dominantes
bleues et rouges (les couleurs de Paris) sera le clou du spectacle
pyrotechnique qui embrasera la Tour Eiffel le 15 juillet 1989 pour célébrer
le drapeau français. Fresque colossale constituée de 45.000 jets
multicolores qui, apparaissant juste avant le bouquet final, constituera
une première Mondiale. A double titre la célébration du Bicentenaire de
la Révolution est marquée au sceau de Moretti-le-Révolutionnaire dont
trente ans plus tôt Cocteau et Picasso avaient su déceler les dons
exceptionnels et le génie visionnaire. L’Express ou Vogue évoquant récemment
La Défense, quartier phare de l’Europe, érigent l’artiste en
porte-drapeau, lui qui y vit et y crée depuis deux décennies !
Automne 1990: La couleur éclate dans l’univers de verre,
d’acier et de béton de La Défense où Moretti habite depuis dix-sept
ans. On lui a confié voilà plus de quarante mois la tâche herculéenne
de décorer une triste cheminée d’aération qui culmine à 32 mètres. Pari tenu.
L’artiste habillera l’excroissance inesthétique de 672 tubes de fibre
de verre d’un diamètre variant entre 3 cm et 30 cm, et hauts de...32 mètres
! Près de 22 kilomètres de blanc, carmin, orange, bleu foncé,
turquoise, violet, jusqu’à la gamme complète des verts partent à
l’assaut et investissent le mirliton disgracieux qui se transforme en un
arc-en-ciel vertical jailli des entrailles de la mégapole. Le
résultat est splendide. Au milieu d’une foule enthousiaste et des
photographes internationaux, Danièle Mitterrand et Jack Lang témoignent
de leur admiration à l’artiste qui n’a pas hésité à transformer le
site - « Avec tous ces buildings de verre, explique-t-il à ses visiteurs
éberlués, je me suis dit : « Si je mets de la couleur, cela va se refléter
partout J’ai alors conçu un mélange optique qui varie selon la
lumière. Même la nuit, éclairée par de puissants projecteurs, la
cheminée prend un relief différent. Réfléchie par les autres
buildings, elle se transforme. J’ai joué sur la verticalité, le
volume, et cela a demandé un grand effort technique ». Jugez plutôt :
2.100 heures de montage pour mettre en place les précieux fils de verre
que deux cents personnes ont convoyés par péniche de l’usine de
fabrication jusqu’à l’esplanade du Général De Gaulle, prestigieuse
allée centrale de La Défense où trône “ Le
Moretti “ dans l’axe de l’Arche. A la suite de l’évènement
Paris-Match consacrera trois doubles pages à « l’un des plus
grands peintres et sculpteurs contemporains ». Le
mois suivant (16 décembre 1990), en présence du Grand Rabbin René-Samuel
Sirat, Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix, inaugure à Troyes le “ mémorial Rashi “- une sphère en acier carbone de 2.80 m de
hauteur gravée de signes hébraïques - hommage au plus populaire des
rabbins du Moyen Âge, conçu par Raymond Moretti et réalisé par les
Compagnons du Devoir, les seuls artisans capables - comme à l’ère des
cathédrales - de relever encore de tels défis en cultivant le sens du rêve
et de la création. Deux
œuvres d’art marquées au sceau du gigantisme n’empêchent nullement
l’artiste de se pencher sur les quelques centimètres carrés d’une série
de six timbres, témoignage d’admiration de la Poste à la chanson française.
Sous les pinceaux et les crayons de Moretti revivent Maurice
Chevalier, Edith Piaf, Georges Brassens, Jacques Brel, Aristide Bruant
et Tino Rossi. Il faut avoir vu
à l’Olympia de Paris, à Sète, ville de Georges Brassens, et à
Ajaccio, patrie de Tino Rossi, les files d’attente formées par des
milliers d’amateur enthousiastes et désireux de profiter de la vente
anticipée de ces timbres originaux, pour mesurer le succès du peintre
auprès des philatélistes des années 90. C’est lui que l’Imprimerie
nationale chargera de célébrer, par une nouvelle vignette postale, ses 350
ans d’existence. Lui encore à qui l’on demandera en 1991 aussi
bien l’affiche - splendide - du
“ Podium d’or “ récompensant
au Sportel de Monaco le meilleur ralenti sportif télévisé, que celle
illustrant, à travers “La Marseillaise” de Rude, la campagne “ Les
Français avec leurs soldats ”
destinée à soutenir le moral de nos troupes engagées dans la guerre du
Golfe. Lui enfin qui créera en octobre 1991, la “ Colombe
de la Paix ” sculpture tirée à dix exemplaires, et que Radio
Shalom qui fêtait ses dix ans remit à des artisans de la Paix, de la
Liberté et du dialogue, tels le professeur Léon Schwartzenberg, Bernard
Kouchner, Beate Klarsfeld ou l’abbé Pierre.
16 novembre 1991 : L’hebdomadaire national Le Point demande
à Raymond Moretti d’illustrer son 1000e numéro d’une série de onze
dessins originaux dont le premier orne la couverture de « Vive
l’écrit », édition spéciale du magazine publiée à
l’occasion de cet anniversaire.
Juin 1992 : Commémoration encore. C’est le 300e numéro du
fameux Magazine Littéraire. Cela fait vingt ans que Raymond Moretti, chaque mois,
interprète à sa manière inimitable - et pourtant si souvent imitée,
plagiée devrai-je dire - le visage des plus célèbres écrivains
d’hier et d’aujourd’hui. Pour la couverture de ce numéro 300,
Moretti ne donnera pas son 235e portrait (il illustre le Magazine depuis
le n° 65), mais sa vision de la colonne de l’église des Jésuites
(1705) à Vienne qui symbolise le dossier de ce numéro consacré à “ l’âge
du Baroque ”, un thème qui va comme un gant à l’auteur du
Monstre : Ce n° 300, avec un supplément de quinze portraits d’écrivains
choisis parmi les préférés de l’artiste et du public, s’arrache
dans les kiosques et devient aussitôt objet de collection.
Mai 1993 : Moretti signe son quinzième timbre en neuf ans, en
hommage à “Django Reinhardt ”,
l’un de ses musiciens préférés qui lui a appris le jazz pendant la
guerre quand le quintet du Hot Club de France faisait une timide
apparition sur les ondes de la radio en essayant de faire oublier à
l’occupant nazi qu’il jouait de la musique “négro américaine” !
Il vient de créer le “ Django
d’or “, sculpture reproduisant la signature stylisée du génial
gitan, surmontée de guitares de laiton argenté multipliées à
l’infini selon la technique chère à l’artiste comme elle l’était
déjà à des peintres indiens du XVIIIe siècle inconnus en Europe. Le
Django d’or devient aussitôt le trophée qui est au monde du jazz ce
que l’Oscar est au cinéma, le Molière au théâtre ou le 7 d’Or à
la télévision. Cette même année 1993 voit l’ouverture à Paris, près
de l’Arc de Triomphe, de la «maison
France-Israël ” pour laquelle
Moretti réalise des fresques remarquables à travers lesquelles il évoque
le mélange des deux cultures française et hébraïque.
Janvier 1994 : On apprend le début de la réalisation du
projet grandiose mais mystérieux que, depuis des mois, le peintre disait
destiner à une importante ville du sud de la France. La ville : Toulouse ;
le lieu : rien moins que la place du Capitole ; l’œuvre :
simplement l’histoire de la cité des capitouls, de l’Antiquité au métro
! Dominique Baudis, maire dynamique de la Ville Rose, a confié à
l’artiste la galerie à l’italienne qui fait face à l’entrée de
l’Hôtel de Ville et le sol entièrement rénové de la place
prestigieuse. Sous les arcades les plafonds sont constitués de vingt-neuf
caissons. Moretti a conçu pour eux vingt-neuf tableaux aux dimensions
considérables de 2,50 m sur 3,10 m, illustrant les grands moments vécus
par la cité depuis plus de deux millénaires, du martyre de Saint-Sernin
(Saturnin) à l’épopée cathare, du siège de Toulouse aux heures héroïques
de la Résistance, des pionniers de l’Aéropostale (l’hôtel Au Grand
Balcon où vécurent Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet et Collenot est à
un jet de pierre) à l’Airbus, de Jean Jaurès à Claude Nougaro, maître
en mots et en images qui parlent. Le projet réalisé - chaque œuvre sera
traitée en sérigraphie (l’encre sérigraphique résiste aux intempéries)
pour être accrochée dans les caissons éclairés - le promeneur flânant
à l’ombre de la galerie pourra remonter l’histoire de Toulouse en
cheminant nez en l’air sous les arcades. Quant
au sol, Raymond Moretti a conçu pour lui une immense “ Croix
du Languedoc ” en bronze, incrustée dans la pierre de la place,
cette fameuse “croix pommelée d’or de douze pièces” qui figure
dans les armoiries de 1664, inscrite dans un carré de 20 mètres de côté
devant l’entrée du Capitole. Dans chacun des trois fleurons couronnant
chaque branche de la croix, un des douze signes du zodiaque, également en
bronze. L’ensemble comme posé sur des improvisations, en bronze encore,
imaginées par le peintre sur le thème unique de la croix, le tout mêlant
le brut de fonderie au bronze poli. L’œuvre, colossale, ne sera terminée
qu’à la fin de 1995 car, pour chaque caisson, pour chaque signe du
zodiaque, Raymond Moretti, soucieux de démocratie, propose plusieurs
esquisses parmi lesquelles les élus toulousains choisiront celles qui
s’offriront au regard vertical de leurs administrés et des millions de
touristes qui viendront les visiter. C’est ainsi plusieurs centaines de
dessins qui composeront la “suite” la plus prestigieuse qu’on puisse
imaginer sur la cité des violettes.
Novembre 1994 : Sa ville natale commande une affiche du
peintre ainsi qu’elle l’a
demandée hier à de grands aînés. A l’occasion du Centenaire du cinéma,
thème du 112e “ Carnaval ”, Raymond Moretti - après Pablo Picasso, Henri
Matisse et Marc Chagall - illustre Nice. Durant 18 jours et 18 nuits le cœur
de la Baies des Anges bat au rythme coloré de Moretti, tout comme la Une
de Nice-Matin qui fête son cinquantenaire.Les 245.358 exemplaires
du grand quotidien régional viennent s’ajouter aux 115.000
affiches, affichettes et dépliants - programmes du Carnaval.
Janvier 1995 : Abandonnant le panneau géant (4x3 mètres) de l’affichage public, Raymond Moretti s’attaque au très
petit format (10x3 centimètre) en réalisant son seizième timbre en dix
ans. Il est consacré aux “ Terres
Australes et Antarctiques françaises “ (T.A.A.F)
et au navigateur aventurier Guillaume Lesquin, grand chasseur de
phoques et d’éléphants de mer dont l’huile était fort prisée au
XIXe siècle. Le chasseur qui vient détruire
sera rouge sang, le phoque blanc, symbole de pureté de l’animal,
et le ciel de l’Antarctique bleu clair pour aller vers le bleu cobalt,
plus noir au contact des hommes. Ce timbre exceptionnel reçoit cette même
année le Grand Prix de
l’art philatélique des Territoires d’Outre-Mer tandis
que, pour son 500è numéro
(octobre 1995), Le Monde Des Philatélistes offre à ses lecteurs une
couverture exclusive signée... Raymond Moretti.
Avril 1995 : Le maire de Toulouse, Dominique Baudis, rend
totalement la place du Capitole à la circulation piétonnière. La
gigantesque Croix du Languedoc et ses douze signes du zodiaque qui ornent
le sol de l’une des plus belles places du monde sont terminés. Enchâssée
dans le granit rose et merveilleusement accordée aux façades qui
l’entourent la Croix, symbole de la ville et de la région tout entière,
trouve aussitôt sa place dans le cœur des Toulousains. Lors des violentes manifestations sociales de décembre
1995 les grévistes - parmi les plus déterminés de l’hexagone -
prendront bien soin d’allumer leurs feux de protestation à l’écart
de “leur” Croix pour qu’elle ne subisse aucune dégradation.
23 décembre 1995: Tout en poursuivant la réalisation des
vingt-neuf œuvres qui orneront les caissons du plafond de la galerie à
l’italienne de la place du Capitole, Raymond Moretti illustre la
couverture du Point consacrée à une autre ville à laquelle l’artiste
est particulièrement attaché : “ Jérusalem.”
Sur un fond de ciel bleu d’azur on y retrouve, stylisés, épurés, les
monuments symboles des trois religions monothéistes qui y sont nées et
le long cortège des pèlerins qui se dirigent vers le Mur des
Lamentations - tirage limité à 500 exemplaires - que la direction du
grand hebdomadaire envoie à ses partenaires privilégiés. Elle est également
choisie comme illustration de la carte de vœux du Point. N’oubliant
pas qu’il habite la capitale - La Défense en est le bastion ouest -Moretti
offre à l’office de tourisme
parisien l’affiche et la carte de vœux qu’il lui réclame depuis
longtemps. C’est pour lui l’occasion de retrouver dans son dessin
l’inconscience colorée et primesautière dont de plus graves sujets
l’ont parfois éloigné en n’utilisant pour évoquer la plus belle
avenue du monde et son Arc de Triomphe que des taches de couleurs
tricolores dont la gaîté et la finesse de l’assemblage auraient
enchanté Dufy.
1997: Après quatre année d’un travail acharné, le grand œuvre
sur l’histoire de la Ville Rose est terminé. Vingt-neuf parmi plusieurs
centaines de dessins réalisés autour des vingt-neuf thèmes décidés
par la municipalité et l’artiste, vont être inaugurés sur la “place
du Capitole “, l’une des plus élégantes de la planète. Même
année : le dessin ornant le diplôme envié du “ Concours
Général “ couronnant les plus brillants élèves du secondaire est
désormais signé Moretti, lui qui n’a ni brevet ni baccalauréat ! Et
la médaille en bronze florentin accompagnée du pendentif en or édités
par la Monnaie de Paris en hommage à Jérusalem est l’œuvre de Moretti,
lui qui n’est pas juif de naissance ! Clin
d’œil du Destin à l’un de ses enfants chéris.
Avril 1998 : Après trois ans d’absence Raymond Moretti retrouve
le monde de la philatélie française en signant, à l’occasion du
quatrième centenaire de l’instauration de l’édit de Nantes, le
troisième timbre consacré à l’un des textes les plus célèbres de
l’histoire de France et à Henri IV, le souverain favori de la Poste qui
lui a déjà consacré plusieurs vignettes. Quelques
mois plus tard c’est le quatre-vingtième anniversaire de l’armistice
du 11 novembre 1918 que l’artiste célèbre en même temps que les sept
principaux belligérants de la première guerre totale qu’ait connue
notre planète. Les drapeaux en mille morceaux de l’Allemagne,
Autriche-Hongrie, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Italie et Russie,
symbolisent dans un éclatement coloré le chaos provoqué par cette première
grande catastrophe d’un XXe siècle qui n’en sera pas chiche. En
cette même année 1998 c’est la Constitution de 1958 marquée au sceau
de la République par le général De Gaulle, soucieux d’établir un régime
stable, qui inspire Moretti pour son dix-neuvième timbre.
1999 : Pour la fin du siècle Aéroports
de Paris choisit d’offrir aux regards des millions de voyageurs qui
empruntent chaque mois le hall principal de l’aérogare d’Orly Ouest,
les vingt-neuf toiles qui ornent depuis deux ans les arcades de la place
du Capitole. La galerue n’est
plus seulement réservée aux Toulousains et à leurs invités qui, néanmoins,
peuvent toujours contempler les principaux épisodes de l’histoire de
leur ville - chérie puisque l’expo d’Orly est composée de 29 sérigraphies
tirées des originaux enchâssés pour toujours dans les caissons séculaires
du Capitole. 1999
est décidément “l’année Moretti” puisque après les 309
couvertures originales réalisées par le peintre durant plus de
vingt-cinq ans pour le Magazine Littéraire
et exposées à la célèbre Galerie ouverte par Pierre et Franca Belfond
dans la vieille rue Guénégaud, au cœur de Saint-Germain-des-Prés,
c’est, sur la Rive droite, Pierre Cardin qui, au printemps, offre son célébrissime
Espace aux quatre-vingt neuf
gouaches préparatoires à l’œuvre colossale orgueil de Toulouse. Peu
enclin aux félicitations que lui adressent capitaines d’industrie,
hommes politiques et un parterre de stars où, autour de Pierre Cardin,,
figurent Claudia Cardinale, Charles Aznavour (dont l’affiche des
concerts qu’il donne dans le monde entier est signée... Moretti !)
Raymond Devos, Jean-Claude Brialy, Claude Nougaro ou Michel Legrand.
Quelques jours plus tard on s’aperçoit que les vedettes ne sont pas les
seules à apprécier le maître. Un adroit cambrioleur dérobe quatre
tableaux qui seront retrouvés quelques semaines plus tard au domicile
d’un taggeur, peintre raté et bien connu des services de police !
Pour saluer l’an 2000, c’est à Moretti que Madame Jeanne
Augier, amateur d’art éclairé, propriétaire du Negresco
le célèbre palace de la Promenade des Anglais, fait appel pour réaliser
une lithographie originale destinée à ses fidèles clients, et surtout
composer les cartons des sept tapis qui orneront le grand salon éclairé
par la verrière de Gustave Eiffel. “Negresco : Moretti Royal !”
titrera simplement Nice-Matin en annonçant le premier la nouvelle...
Célébrité oblige. Après -entres autres - Folon, Miro, Zao Wooki,
c’est à l’auteur des “Cris du Monde” que la propriétaire du Château
Siran, premier grand cru exceptionnel de Margaux, mondialement connu,
demande l’étiquette du millésime 98, célébrant la victoire de la
France en coupe du Monde de football. A Moretti qui ne connaît pas
grand-chose à ce sport et n’a, de sa vie jamais bu une goutte de vin !
Un paradoxe de plus mais l’artiste sait célébrer à sa manière tout
ce qui, à un moment ou à un autre, a pu contribuer à la gloire d’une
France qui a accueilli fraternellement ses parents et fait de lui un Français
à part entière.
Pour fêter le championnat du monde de hand ball, discipline
apparue pour la première fois aux Jeux Olympiques en 1972 et que la
France accueille pour la deuxième fois en janvier et février 2001, la
Poste demande à l’artiste un nouveau timbre inspiré par ce sport fait
de précision, d’intelligence et de rapidité, qualités que l’on
retrouve dans toute l’œuvre de Moretti. Une fois de plus son talent
fait merveille en 35x26 m/m tandis qu’à l’autre bout de la palette et
jouant de dimensions peu communes pour des tapis, ceux commandés en salut
à l’an 2000 par Madame Augier prennent place sur le magnifique parquet
du salon royal de l’hôtel prestigieux dans un camaïeu de Bleu de
Chine, Or et Vert émeraude tandis que la propriétaire, amateur d’art
avisé, déclare « Le Negresco
a voulu tourner une page et entrer dans le troisième millénaire. Ces
tapis de Raymond Moretti les symbolisent et sont de vrais chefs d’œuvre ». C’est
bien l’avis d’un millier de gamins des Hauts-de-Seine qui, dans le même
temps, contemplent à la grande Arche de La Défense l’agrandissement en
une gigantesque fresque photographique quadrillée de 21,60m de long sur
3,50 mètres de haut d’une œuvre originale où Moretti a fait cohabiter
Albert Einstein, Louis Armstrong, Tintin, Batman, le football et quelques
éléphants ! Sur l’invitation du peintre, les petits bandits se
sont inspirés de chaque pièce du puzzle photo comptant désormais 1035
fragments 21x29,7 pour donner à leur tour autant d’interprétations
personnelles. Une centaine seront dispersées dans le cadre du téléthon
au profit de la lutte contre les maladies génétiques, l’original étant
destiné à l’hôpital Necker où sont soignés certains juvéniles
amateurs, ravis d’aborder l’art sous cette forme iconoclaste et intrépide
grâce à un homme dont la simplicité le dispute à la générosité. C’est
bien l’avis de Charles Aznavour qui a choisi son portrait démultiplié
par Moretti pour illustrer l’affiche et le double C.D intitulé Dernière Tournée qui saluent son ultime prestation publique à
bientôt quatre vingt ans. « Moretti a un trait formidable, dit le
chanteur compositeur. Il a même du génie ». Avis que partage le
comédien Jean-Claude Brialy qui a ouvert à Paris, en hommage à son ami
d’adolescence, 6 rue Monsigny - c’est-à-dire la porte d’à côté
du théâtre des Bouffes Parisiens qu’il dirige - une galerie consacrée
à l’œuvre de Raymond Moretti. « Il était anormal qu’il
n’existe pas dans la capitale un lieu permanent consacré à son talent
exceptionnel ». Voilà qui est fait.
Peintre, sculpteur,
illustrateur, décorateur,
affichiste, Moretti, touche-à-tout de génie, adulé par les uns,
détesté par les autres, commenté par tous, a été nommé dès 1984
“Personnalité de l’Année” pour la section des Beaux-Arts. Joseph
Kessel avait bien jugé qui, en 1969, s’inquiétant de la folle
entreprise du “Monstre”, écrivait : « Il y avait à Nice, au milieu
du XXe siècle, un peintre qui voulait aller plus loin. Il avait le succès,
presque la gloire. Mais il cherchait autre chose... ». Trente ans après,
- Cocteau, Picasso, Kessel disparus - Moretti n’a pas changé. Il veut
toujours que « la folie ait raison de la raison ».
Yves COURRIERE
14 janvier 2002
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