Alphabets
pour
Raymond le
jour de la rencontre avec
Victor Hugo qui
lui envoya une lettre
alors qu il faisait
ses ablutions rituelles
dans l’œil de
Courbet. Le jour où le maquisard de la Berbeyrolle conduit par la gendarmerie motorisée à la prison de Tulle, crie au milieu des portes qui claquent et se referment - nous sommes entrés dans un alphabet. (Terrible ce visage qui savait POURQUOI il serait condamné - alors que policiers tortionnaires, juges ne le sauraient jamais). * Babel c’etait déjà (c’est encore) l alphabet La manne c’etait aussi l’Alphabet cherchant dans le désert les pages du LIVRE. Ils sont devenus le destin des peuples (nations) Leur déclin aussi. * Ces déchets de civilisation industrielle à travers lesquels ils vivent en grande captivité ne réussissent plus à assembler les vocables de Délivrance. (Ils se souviennent signes décrits dans le ciel par le vautour à la recherche de sa prose, parce que les enfants du vautour ne naissent pas en captivité). * Les camps de concentration furent soudain leur prophétie (et à travers eux tous ceux qui les avaient écrits , gravés, transcrits, transformés). * Le pari de la première nuit de prison : Un Alphabet pour parler avec Dieu (apprendre l hébreu). Un Alphabet pour parler avec la Création (apprendre le chinois). Un Alphabet pour parler avec la Création parallèle (le Romain, une ville futuriste sans futur depuis des siècles - il sait qu il n en sortira pas). * Ainsi commence le Mur comme langage. * - Alphabets aveugles, et les sourds-muets dont il reste les signes morses pour la communication à distance. Alphabet
solitude de Capero voyant naître chaque matin dans l’hôpital psychiatrique où le militantisme l’avait relégué, un alphabet qui mourait chaque soir ne lui laissant le temps que d’effleurer quelques lettres avec son esprit sans pouvoir les approfondir, en déterrer le sens . -Alphabets qui n existent que le jour et que la nuit disperse (disfond) quels combats livrent-ils ? -Alphabets périphériques qui n’existent que la nuit et que le jour dessèche de quelles inquisitions sont-ils l’appât ? -Les alphabets otages de l’histoire (ainsi parle Malatesta) et dont on ignore la rançon qui les remettait en circulation. -Alphabets saisis à l imprimerie centrale par les Tupamaros Les pires ennemis de ceux qui n’ont pas le pouvoir, expliquent-ils. -Alphabets simples comme un rêve d avenir nihiliste : LA CITÉ DU SOLEIL. Il y a passé dans chaque alphabet le tripot, l’enjeu, la dernière chance, le barillet avec la balle unique. Chaque caractère est le chiffre d’une roulette où se rencontrent les différents sens du mot. -Alphabets en manque de fraternité, perdue la connivence avec les éléments de l univers, ses correspondances dérobées. -De quelle confrontation sont-ils le rêve jamais atteint (alphabet Bakounine dont le grand soir est toujours pour demain) et ceux qui ont accroché leur lendemain à la lune marmottant le destin à l’homme comme mur un chapelet dont les grains répètent toujours le même calendrier. -Alphabets pollen dont la seule raison d exister est le vent qui transporte. -Alphabets intérieur dont le seul savoir est l’eau qui coule. Les voici caravanes traversant les déserts de la mise en commun. Caravanes devenues routes à mesure qu’elles avancent caravanes se succédant vers un toujours ailleurs de la parole la pierre promise ou le mur ou ils pourront pousser comme la végétation et avoir l’âge des quatre saisons Commencer où l’alphabétisation est devenue uniforme de pensée : LA VILLE La lettre n’a plus qu’un seul pied flexible une face, pas de dos, des mains pinces articulées et un gros œil télescopique elle entre dans le jeu de miroirs métaphoriques où se perdent les sociétés. Chaque lettre d’une ville marche à reculons fixée sur son corps d’hier. elle est mémoire flottante, opinion errante bribe de mémoire/ pour informer le corps urbain. Rêve des alphabets qui forment une ville : Êêtre un lieu qui déplace ses monuments ses fantasmes, ses statues, ne rien laisser à sa place d’origine, baptiser et rebaptiser sans cesse. Même les morts, on les enterre, déterre, réenterre (disposition typographique) Remue ménage perpétuel des Dieux et des Hommes. De combien de dieux amputés, paralysés, cul-de-jatte les Alphabets sont-ils la fable ? D’hommes paralysés, amputés, aussi Comme les trois Weathermen réunis autour de la construction d’une bombe, qui à peine assemblée les volatilisa. Trois pierres réunies autour du feu (et devenues signe de l’Alphabet) ¯ ¯ ¯ En devenant Le SIGNE LE SIGNE SIGNES que nous sommes et ses réacteurs Nous avons lutté devenus (il peut voler) Contre la nous a mis Pesanteur debout ( Recension minutieuse des errances de l’être et sa projection sur quoi ? il y a une autre pesanteur elle aussi s’est mise debout ) Qui fait les Murs ? Les graffitis ou bien Les pierres lorsqu’elles deviennent lettres de l’alphabet. Les pierres deviennent Mur Et le mur une croyance que les graffitis Voudraient remettre en cause Sur tous l’Apocalypse froide des Foires aux signes ( Les Jeux Olympiques Les championnats du Monde) La naissance sur les Murs de langage Muet en lui se rapatrient toutes les Histoires des Alphabets avant d’exploser Comme le capitaine Lomasney qui fut déchiqueté alors qu’il essayait de miner le pont de Londres HOMMAGE AUX GRAFITTIS * Suffit – il d’échapper aux caractères algébriques, astronomiques (polyphones) * Le béton gratté dans les chambres à gaz avec les doigts et la montagne grattée par les paysans du Guatemala (pour se nourrir) les voici écriture. * Mur parades reconquis où retrouver les paroles de nuit, celles de jour les paroles monumentales (et les débats sur les dictatures) Même l’alphabet étranglé par ses propres racines ( mystiques) renaît sous forme d’ex-votos sur les murs. * Ils sont tous comme ces anarchistes d’un autre siècle discutant de l’interprétation newtonienne de l’apocalypse * Tous les graffitis meurent debout ils font du mur où ils sont inscrits, un paysage, et
mourant, ils rendent le paysage illimité Alphabets soumis à la question et devenant le soleil noir autour duquel se réunissent encore les trois pierres du désert -Le feu c’est qui ? -Cette parole née des caractères à travers lesquels nous avons essayé de survivre - n’est-il plutôt le délire ordonné de la fausse identité ? -Cette parole nous la portons, et elle fait de nous, autant de parcelles d’un univers en sursis ANABASE (la montée de silex de ces pierres aux littératures comparées) et toujours la même angoisse de la chose qui va s’écrire ( autre rêve du Mur, se réveiller parallèle à lui-même ) ALPHABETS PARALLÈLES -Les lettres formant le nom du chef des sections anticommunistes settebello reliées à une annonce qui déclenche l’explosif. Lorsqu’au cours de son rapport au ministre de L’intérieur, son nom se trouva formé, il sauta. -L’orchestre
K.2( concentrationnaire) couvrant les cris, les appels, les moteurs des convois vers la chambre à gaz Le langage de la détresse naissant des écritures détournées de l’indifférence (indigence) des autres -Le saut en parachute. Dans le ciel au bout des suspentes, le corps devient alphabet Plusieurs sauts l’un à la suite de l’autre c’est la phrase que parfois la chute libre interrompt. L’alphabet du ciel se grave sur la terre (quelques centimètres à peine ) là commence le langage de l’homme oiseau qu’initia un tailleur autrichien sautant de la Tour Eiffel Annexe parmi d autres : le bouquet de fleurs et tout autour la maison - phrase qu’il laisse entendre Imaginez les pétales : hampes et jambages sur le corps de la lettre. Les lettres poussent : elles ont donné naissance aux alphabets grimpants sur les Murs. * Les alphabets qui parlent de corps et ceux qui parlent de l esprit sont impasse l’un pour l’autre et n’ont d’autre issue que le rassemblement dans les hiérarchies nécessaires pour décrire les grands événement, mais ils prolongent la solidarité entre femme et terre, entre fertilité et mort. LA PARABOLE (Nous avons vécu des siècles sans savoir qu’elle existait) Ce cinéaste qui à l’intérieur d’automates multicolores aux yeux trop beaux pour pleurer enferme une angoisse d’absolu qui insidieusement dérègle leurs mouvements jusqu à ce qu’ils tombent en pièce. (Angoisse d’absolu : la lettre. Sous le monde des étoiles les lettres sont les derniers rois-mages qui se promènent encore sur les murs). ARMAND GATTI - PARIS LE 13 MAI
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